Au cours des cinq dernières années, la zone des trois frontières, à cheval entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, est devenue l’épicentre de crises cumulées, engendrant une grande incertitude dans les communautés rurales. Rythmé par des épisodes de sécheresse, le Sahel a connu des cycles d’insécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que des crises pastorales répétées, entraînant la décapitalisation du cheptel. A cela s’ajoutent d’autres crises liées à la montée de la violence armée, conduisant à de nombreuses violations des droits humains.

La recrudescence des conflits intercommunautaires est exacerbée par la présence de groupes armés, les risques liés aux Engins Explosifs Improvisés (EEI), les attaques contre les campements et villages, les tueries, le vol de bétail, les enlèvements et le kidnapping. Cela a provoqué un déplacement massif des populations vers les centres urbains plus sécurisés et une augmentation des besoins humanitaires ainsi que l’accentuation de la vulnérabilité des personnes déplacées internes et des ménages hôtes pauvres.

L’ampleur et l’évolution de ces crises sont telles que les initiatives humanitaires et sécuritaires, mises en œuvre par les pouvoirs publics et leurs partenaires, s’avèrent insuffisantes pour relever les défis qui se posent actuellement dans la région. Face à cette situation critique, VSF-Suisse et son partenaire Réseau Billital Maroobé (RBM) se sont mobilisés en vue d’apporter une réponse appropriée aux défis majeurs auxquels sont confrontés les pasteurs et agropasteurs.

Notre projet de résilience communautaire et institutionnelle « Ensemble, Espérons » au Liptako-Gourma, d’une durée de 36 mois, est financé par l’Agence de la Coopération Autrichienne pour le Développement. Il se déroule dans neuf communes réparties dans la zone des trois frontières. L’objectif vise à consolider les moyens de subsistance des populations très pauvres en améliorant, de manière durable et structurelle, leur résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Parallèlement, l’action appuie les communautés et les institutions locales dans la prévention des conflits afin de renforcer la cohésion sociale. Cela se traduit par la concrétisation de l’approche Triple NEXUS, qui combine l’aide humanitaire, la coopération au développement et des initiatives de consolidation de la paix. Dans ce cas, l’humanitaire et la paix contribuent au développement.

Les activités humanitaires

Les appuis humanitaires ont essentiellement porté sur la distribution de noyaux d’animaux, d’aliments bétail et de vivres aux personnes vulnérables. Les critères de sélection ont permis d’identifier et de soutenir 500 ménages vulnérables au Mali, au Burkina Faso, et au Niger. Au total, 1 455 caprins, 14 tonnes d’aliments bétail et 7,5 tonnes de riz ont été distribués.

Les aides humanitaires ont été positivement appréciées par les participant-e-s et les parties prenantes du projet. Elles ont permis de développer des activités génératrices de revenus (AGR) par l’exercice de l’activité économique maitrisée, d’assurer le relèvement économique et la résilience des bénéficiaires.

Makata Walet Jarou, 53 ans, déplacée interne et veuve, bénéficiaire de caprins, à Gao :

Je maitrise les activités d’élevage depuis mon jeune âge. Mais, tous les biens de la famille ont été détruits suite à l’insécurité qu’a connu ma localité d’origine, N’Tillit. Grâce à la distribution du bétail par le projet « Ensemble, espérons », j’ai pu reconstituer un noyau de caprins. Les femelles ont mis bas. Mes enfants ont du lait chaque jour et sont en meilleure santé. Le surplus du lait transformé est vendu. Les revenus tirés de la vente du lait et des mâles me permettent de vacciner et d’acheter des aliments pour mes animaux. Je suis très contente car je peux prendre en charge certains besoins quotidiens

de la famille. Avant, les communautés hôtes se méfiaient de moi, car elles pensaient que j’étais complice à cause de l’implication de mon ethnie dans les actes de violence. Mais entre temps j’ai pu construire des relations de confiance avec mes voisins et les vendeurs d’aliments bétail. Mon souhait est d’intégrer des groupements de transformatrice de lait.


Boulabassi Coumaré
Assistant en Partenariat et Capitalisation
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