Theshloach Wie et Dorcus Deng
Le bureau de VSF-Suisse au Soudan du Sud, en partenariat avec le Ministère d’État du genre, de l’enfance et du bien-être social, ainsi qu’avec des organisations des Nations Unies et des organisations internationales et nationales, a célébré les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre à Aru Boma, au Soudan du Sud.
Les communautés du Soudan du Sud continuent de faire face à des violences basées sur le genre (VBG), touchant particulièrement les femmes et les filles. Ces violences se manifestent sous diverses formes : physiques, sexuelles et émotionnelles, notamment le viol, le harcèlement sexuel, les violences psychologiques, le refus de ressources, l’augmentation des violences conjugales, l’exploitation sexuelle, les mariages précoces ou forcés, entre autres. Dans la majorité des cas, les survivantes ont subi plusieurs formes de VBG. Des taux élevés d’analphabétisme, l’ignorance, des traditions rigides et néfastes ainsi que des ressources limitées exacerbent cette situation.
Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), 6 779 cas de VBG ont été signalés au Soudan du Sud entre janvier et septembre 2024. Parmi ces survivants, 99 % étaient des femmes et des filles, dont 30 % des enfants ou des adolescentes. Ces chiffres ne représentent qu’une fraction des cas, car de nombreuses violences ne sont pas déclarées pour les raisons susmentionnées.
Chaque année, l’État d’Équatoria central, sous la direction du Ministère d’État du genre, de l’enfance et du bien-être social, prend part à cette campagne qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre. L’objectif de cette initiative est de sensibiliser le public, de mobiliser des actions et de plaider en faveur de changements politiques pour éradiquer les VBG. Sous le slogan « Ensemble pour mettre fin aux VBG envers les femmes et les filles », plus de 1 000 participant-e-s ont assisté à l’événement des 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes, y compris des organisations des Nations Unies, internationales et nationales, des organisations de défense des droits des femmes, des décideurs politiques, des établissements scolaires, des organisations communautaires, ainsi que des leaders d’opinion (religieux et traditionnels) au niveau de l’Etat et de la communauté.
Dorcus Deng et Rina Tumalu
L’événement s’est volontairement déroulé au niveau communautaire afin d’avoir un impact accru en sensibilisant davantage à la prévention et à la prise en charge des VBG, tout en renforçant les engagements politiques du gouvernement, des parties prenantes et des communautés. Cela visait également à consolider les partenariats et la coordination entre les communautés, les autorités et les partenaires.
Lors de cet événement haut en couleur, M. Isaac, chef du village de Boma Aru, a partagé ce témoignage :
„Je remercie le Ministère d’État et ses partenaires d’être venus jusqu’à chez nous aujourd’hui. Comme vous avez pu le constater, la plupart, sinon toutes nos filles, ont déjà des enfants, faute d’éducation sur les dangers auxquels elles font face. Les ressources limitées ne permettent pas de soutenir les enfants scolarisés. Nous avons la chance d’accueillir un tel événement pour la première fois dans notre communauté et nous pensons que tous ces visiteurs nous porteront chance. Nous espérons que ce programme en faveur des filles, des femmes, des garçons et des hommes apportera des initiatives en matière d’éducation, de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance, de santé et de protection afin de soutenir notre communauté.“
La ministre Hon. Huda Michael Laila a déclaré : „Tout acte de violence commis contre une fille, une femme, un homme ou un garçon est considéré comme de la violence. Les parents qui n’éduquent pas leurs enfants à ce sujet sont fautifs. Mais il est de notre responsabilité collective de nous unir pour mettre fin aux VBG. En tant que gouvernement, avec l’aide de tous les partenaires ici présents et dans le pays, nous apporterons les formations et les services nécessaires pour soutenir Aru Boma dans cette lutte contre les VBG.“
Mme Stella Johnson, présidente du comité d’organisation, a conclu : „Le changement commence avec chacun d’entre nous. Vous et moi pouvons agir collectivement pour apporter les transformations nécessaires.“