Le projet « Lait Sans Frontières » vise à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages pastoraux et agro-pastoraux de la région SKBo: Sikasso au Mali, Korhogo en Côte d’Ivoire et Bobo Dioulasso au Burkina Faso. Son but est de promouvoir des pratiques d’élevage durable, en renforçant la cohésion sociale et le développement économique.
Les ménages pastoraux et agro-pastoraux de la région SKBo sont composés en moyenne de sept à dix personnes. Le niveau de revenu est modeste, et la situation alimentaire et nutritionnelle est préoccupante. Environ un tiers des ménages souffrent d’une forte insécurité alimentaire, et près de la moitié est menacée de basculer dans une insécurité alimentaire sévère. Les données indiquent une alimentation déséquilibrée de la population dans les trois pays et l’approvisionnement en produits laitiers est inférieur à la moyenne (Global Nutrition Report, 2019). Cette situation constitue une menace pour la santé, particulièrement celle des mères et des enfants.
A cela s’ajoute une prévalence accrue de zoonoses telles que la brucellose et la tuberculose, qui sont transmises par la consommation de lait de mauvaise qualité. Il y a aussi des conflits d’utilisation des ressources pastorales, exacerbées par les épisodes de sécheresse et d’insécurité dans les régions nord et centre du Mali ainsi qu’au Burkina Faso. Cela a provoqué un déplacement massif des communautés pastorales et agro-pastorales vers la zone SKBo, qui était une zone de transit temporaire.
Le projet SKBo : « Lait Sans Frontières »
C’est dans ce contexte que VSF-Suisse et ses partenaires CAB Demeso au Mali et SAGRASY au Burkina Faso mettent en œuvrent le projet SKBo, « Lait Sans Frontières » financé par les Cantons de Berne, Zurich et Bâle ainsi que Stiftung Nord-Sud. D’une durée de 36 mois, le projet est implémenté dans la zone des trois frontières SKBo, plus précisément dans les régions des Cascades, Kadiolo et Korhogo. Ces régions sont liées sur le plan économique, culturel et linguistique et l’élevage constitue un élément fédérateur.
Le projet « Lait Sans Frontières » intervient en faveur des populations vulnérables avec pour objectif d’améliorer leurs moyens d’existence en renforçant de manière durable et structurelle, leur résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, et au changement climatique.
Le projet propose des formations sur la santé animale, la sécurité alimentaire et la production de fourrage, entre autres. Ces formations ont permis d’améliorer considérablement l’alimentation des animaux, d’augmenter la production laitière et de réduire ses coûts, tout en garantissant la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la reprise économique et la résilience des participant-e-s.

L’histoire de Tiefary Koné
Tiefary Koné, 62 ans est un agro-éleveur laitier installé à Zégoua dans le cercle de Kadiolo. Il est le Président de l’Union des Producteurs de Lait de Kadiolo. « Je m’occupe de l’élevage depuis mon enfance. En période sèche, tous mes animaux partaient en transhumance vers la frontière ivoirienne à la recherche des ressources pastorales comme l’eau ou les pâturages. Ces derrières années les effets néfastes du changement climatique comme la sécheresse exacerbés par l’insécurité, nous confrontent à une surexploitation des ressources pastorales. Cela peut créer des conflits entre éleveurs et entre exploitants agricoles et éleveurs autour des champs d’anacarde. Cette situation a engendré des pertes dans mon élevage ».
« Le projet SKBo nous a permis d’acquérir de nouvelles compétences, notamment sur les itinéraires techniques de production des cultures fourragères, les techniques de production de l’ensilage, les techniques de rationnement des vaches laitières et la constitution de noyaux laitiers pour mieux rentabiliser l’élevage. Nous avons aussi eu un accès facilité à des semences fourragères telles que l’herbe à éléphant, le panicum, la bracharia et le poids d’Angole. »
Tiefary Koné s’est ensuite lancé dans la culture du panicum car il est résistant aux problèmes hydriques. Il a installé deux hectares de panicum avec un système d’irrigation (forage équipé de système solaire et un château d’eau). Le fourrage produit à partir de sa parcelle est utilisé frais ou après ensilage pour alimenter un noyau laitier de trente vaches dont sept en lactation avec une production journalière de 38 litres. Le lait est consommé par ses enfants, leur garantissant une meilleure nutrition. Le surplus profite à la communauté et ce revenu permet de subvenir aux besoins de sa famille.
Selon Tiefary Koné « L’introduction des cultures fourragères permet une gestion durable des ressources pastorales, réduit les conflits entre les exploitants et favorise la cohésion sociale ». « Mes animaux n’ont pas été en transhumance cette année. Cela fait moins de charge aux pâturages » disait-il. Son rêve est de sécuriser la parcelle de production de fourrage et de couvrir les besoins en eau des plants.